Analyse de l’étape Nantua-Chambéry du Tour de France 2017, quels watts pour les Pro?
Qui dit 2eme semaine du tour dit journée de repos, pour nous occuper revenons un peu sur l’étape dantesque d’hier entre Nantua et Chambéry au travers de l’analyse des données de puissance que certains coureurs ont eu la transparence de mettre sur STRAVA.
Le vainqueur du jour, Rigoberto Uran (Cannondale-Drapac) a disputé l’étape en 5h07’22’’ à 35.3km/h de moyenne, bien loin des moyennes à plus de 45km/h que l’on peut retrouver sur les étapes plates et cela se comprend, sur cette étape comprenant 180 km pour 4400m de dénivelé avec au programme 3 ascension hors catégorie dont le désormais célèbre mont du chat et son pourcentage moyens à plus de 10%.
Néanmoins, aucun coureur du groupe de tête n’a transmis ses données de puissance car cela permettrait à leurs adversaires directs de mieux les connaitre et d’élaborer des stratégies en fonctions de leurs points faibles.
A noter tout de même les cadences de pédalages importantes des coureurs du groupe de tête dans les forts pourcentages notamment lors de l’ascension du mont du chat avec une cadence de pédalage moyenne de 88tr/min pour Romain Bardet laissant supposer l’utilisation d’un braquet 39x30 voir 39x32.
Le premier coureur à avoir partagé ses données de puissance est le jeune allemand Emanuel Buchmann (Bora-Hansgrohe) arrivée en 24eme position avec 7’13’’ de retard sur Uran.
Il a réalisé toutes les ascensions avec le groupe des favoris avant de craquer dans le mont du chat. Ce qui fait une puissance moyenne pondérée de 288w* sur 5h14. Soit une grosse étape qui laissera des traces dans les organismes pour le reste du tour surtout lorsqu’on prend en compte le gabarit de d’Emanuel Buchmann (1m81 pour 62kg).
*Strava à tendance à surestimer la puissance pondérée par rapport aux principaux logiciels d’analyses.
Dans le détail, après un départ rapide sur la première montée de la journée avalée à 370w sur 9’33’’ soit 5,97w/kg, le peloton à légèrement ralentit avant de repartir de plus belle dans les 3 ascention hors catégories. Les 10.5km du col de la biche ont été grimpé à 16km/h de moyenne soit 4.97w/kg sur 39’29’’.
Viens ensuite le Grand colombier (8.6Km à 10% de moyenne) réalisée en 31’53’’ par Emanuel à 348w de moyenne soit 5.6w/kg. La descente a été avalée à tambour battant à 62 km/h de moyenne comme les 30km de vallée suivant ou Michal Kwiatosky a tenu tout le peloton en respect à plus de 48 km/h de moyenne.
La dernière difficulté et pas des moindres, le mont du chat, a été fatale à Emanuel, qui n’a pu suivre les meilleurs malgré une montée de 34’49’’ (soit 4’9’’ de plus que Romain Bardet dans le groupe de tête) à 15km/h correspond à 311w soit 5w/kg, Emanuel a également maintenu une bonne cadence de pédalage malgré les pourcentages avec 83tr/min de moyenne. A noté tout de même la montée du mont du chant est plus longue que la montée officielle et déjà les 6km de « faux plats » à l’approche du col ont été gravi à plus de 5w/kg.
Emanuel à ensuite perdu les 3 autres minutes concédées aux meilleures dans la descente ( tout de même réalisé à 58km/h de moyenne) puis dans les 11km de vallées où il s’est retrouvé avec Carlos Betancour qui ne l’a pas relayée. Il a donc réalisé ce final d’étape à 295w de moyenne durant 17 minutes.
On note donc que le jeune Grimpeur Allemand qui a réalisé une très belle étape à manquer de résistance au seuil pour suivre les meilleurs, sa performance dans la monté finale étant moins bonne que sur le grand colombier (5w/kg contre 5.6w/kg pour un temps d’effort similaire).
Les nombreux cols ont pesé dans les jambes aux moments d’attaquer le mont du chat, tous les coureurs ayant réalisés de moins bonnes performances que lors de l’étape du Dauphiné libéré ou se col était seul au programme. C’est d’ailleurs Emanuel Buchmann qui a pris le K.O.M du mont du chat lors de cette étape avec une ascension à 365w de moyenne (soit 5.89 w/kg) en 29’44’’ soit près de 5minutes de mieux que sur le tour de France.
Concernant le dernier coureur classé sur cette étape, (rappelons qu'Arnaud Demare et 4 autres coureurs sont arrivées hors délais) Alexey Lutsenko (1m75 pour 70kg) il a réalisé l’étape en 5h45’11’’ soit du 31.3km/h de moyenne avec une moyenne pondéré de 308w. Pour la montée du mont du chat qu’il a monté avec le gruppetto, il a réalisé une performance de 43’05’’ à 12.2km/h et 284w soit 4.6w/kg. A noté qu’il a réalisé cette montée en dedans à 144bpm par minutes alors que les montées réalisées au sein du peloton l’on était à plus de 160 bpm (il faut tout de même prendre en compte la fatigue sur une telle étape empêchant son rythme cardiaque de trop augmenter), néanmoins il a été mis fortement à contribution au sein du gruppetto dans les portions de vallées que ce soit avant le mont du chant ou pour rallier l’arrivée.
Une étape désormais mythique dans l’histoire du tour ? En tout cas la difficulté des ascensions et des descentes à tout pour rendre ce type d’étape incontournable dans le futur !
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